Le Tchad, célébrant cette année son 64ème anniversaire d’indépendance, semble plus que jamais englué dans une réalité qui contredit les idéaux mêmes de la souveraineté nationale. Alors que le pays est économique asthmatique, politiquement boiteux, militairement sauvage, culturellement mince et socialement endeuillé, le pouvoir en place, dont la dynastie présidentielle semble s’ancrer toujours plus profondément dans le paysage politique, est marqué par une répression politique sévère, un détournement systématique des ressources publiques, et un état de misère sociale sans égal. Si les élites politiques tchadiennes font semblant d’admettre la fragilité (ou même l’inexistence) de notre pays sur tous les plans, il sied de rappeler que cette situation sus évoquée, soulève des questions cruciales sur la véritable nature de l’indépendance du pays et sur l’avenir de ses citoyens. A l’heure où notre « INDEPENDANCE » franchit déjà largement la moitié d’un siècle, il est encore sans aucun doute que tout est urgent au pays de Sao. Parmi ces urgences, celle alimentaire en est la boîte magique qui se rajeunit et se renouvelle, presque chaque deux ans. C’est fatale. En tout cas, la consanguinité successorale à partir de laquelle génèrent les répressions politiques, reste l’un des points clés du malheur tchadien.
Le comble d’un pouvoir dynastique
Sous le régime actuel, et comme depuis des lustres d’ailleurs, le Tchad est devenu un exemple frappant de pouvoir dynastique où les principes fondamentaux de la démocratie sont foulés aux pieds. La famille présidentielle, en place depuis plusieurs décennies, semble déterminée à maintenir le pouvoir au sein de son clan, étouffant toute opposition et toute autre voix discordante par la répression politique.
Pour asseoir de manière pérenne son hégémonie, elle change de stratégies, mais pas de logique dirigeante. Ainsi donc, les opposants politiques, les leaders d’opinion, les journalistes, les activistes, etc. sont souvent pris pour cibles, dans un climat de peur et de censure. Ce verrouillage politique non seulement déstabilise les fondements démocratiques mais contribue également à une gouvernance autoritaire qui nie le droit des Tchadiens à une participation politique véritable. C’est de la terreur inavouée.
Le comble de cette situation réside dans la persistance d’une politique qui, tout en se parant d’un vernis de modernité, perpétue les méthodes autoritaires les plus rétrogrades. Les élections, loin d’être un exercice de démocratie, se transforment en une simple formalité destinée à entériner la suprématie du clan au pouvoir. Les faux-semblants de consultations populaires, manipulés pour garantir la victoire du régime, ne font que renforcer la légitimité usurpée des dirigeants. Dans ce contexte, la démocratie devient une illusion et la liberté d’expression, une notion reléguée au rang de fiction.
De plus, l’instrumentalisation des ressources publiques pour le maintien du pouvoir dynastique accentue les inégalités économiques et sociales. Les détournements de fonds et la corruption érigés en systèmes contribuent à creuser le fossé entre une élite privilégiée et une majorité de citoyens plongés dans la précarité. La promesse d’un avenir meilleur, régulièrement brandie par les autorités, se transforme en un mirage pour des générations entières qui voient leur espoir se réduire à néant. La stagnation et le déclin des conditions de vie des Tchadiens illustrent tragiquement l’échec d’un régime dont l’objectif principal semble être la pérennisation d’un pouvoir dynastique plutôt que le progrès collectif.
Tchad: pays à reculon
L’indépendance économique du Tchad est en péril, exacerbée par une dépendance accrue vis-à-vis des anciennes puissances coloniales, la France en occurrence. Ce qui frise l’indécence et défraie la chronique, c’est que le pays est soumis à une influence étrangère croissante qui compromet sa souveraineté monétaire et même politique. Aussi, faut-il préciser, les détournements de fonds publics sont monnaie courante et souvent ignorés ou même excusés par des tiers, fût-il Président de la République, laissant les ressources nécessaires au développement du pays entre les mains d’une « élite » corrompue. Cette manière de gérer le pays, si elle n’est pas abrutie, elle est tout au moins anti républicaine puisque visiblement, elle fait consumer à petit feu le pays pour le jeter, tôt ou tard aux mouches. Ça fâche.
En plus les postes clés de développement et les possibilités diplomatiques sont attribués à des individus incompétents et les ministres restent en place bien au-delà de leur période d’efficacité, accentuant ainsi l’immobilisme et le manque de progrès dans des domaines cruciaux. Devenue déjà une norme de gouvernance, cette tendance peu patriotique qui livre le pays aux brigands, aux prédateurs, ou mieux aux asticots sociaux, trouve sa fertilité dans l’incompétence et le démérite même du Président de la République et ses godillots. Une telle logique présidentielle est purement homicide et anti progrès, surtout que la démocratie participative, censée promouvoir un modèle démocratique à la réalité, est loin d’être visible.
Au niveau législatif, le Tchad est témoin d’une dérive préoccupante vers des lois liberticides qui ne font qu’accentuer la répression et l’injustice. Le prétendu modèle de démocratie participative semble avoir été détourné pour légitimer des mesures anti-républicaines, supprimant les libertés fondamentales et imposant des restrictions sévères à la liberté d’expression et de réunion. Cette dérive législative non seulement fragilise la démocratie, mais exacerbe également les tensions politiques et sociales.
Au-delà de tous ces maux, un autre mal de même ordre apparait: la misère. Oui, au Tchad, une misère sociale croissante et profonde saisit le pays dans son ensemble. La situation sociale au Tchad est alarmante. En effet, les besoins fondamentaux tels que l’éducation, la santé, l’eau, et l’électricité, etc. restent largement insatisfaits, plongeant une grande partie de la population dans une misère indescriptible. L’insécurité omniprésente et les inégalités croissantes viennent s’ajouter aux défis quotidiens auxquels les Tchadiens sont confrontés. Les divisions ethniques, religieuses et régionales, exacerbées par les politiques gouvernementales, menacent la cohésion nationale et engendrent des tensions qui pourraient déstabiliser davantage le pays.
Face à cette réalité sombre, piteuse et honteuse, la célébration du 64ème anniversaire de l’indépendance tchadienne semble déconnectée des véritables défis auxquels fait face le pays. Plutôt que de marquer une étape vers une véritable autonomie et un progrès social, cette commémoration semble mettre en lumière un contraste douloureux entre les aspirations à la liberté et la réalité d’un régime qui perpétue l’injustice et l’oppression, un régime irresponsable des dirigeants dont l’amour du pays a pris sa retraite avec la corruption et le gagne-pain.
Faisant face à toutes ces réalités, il convient simplement de dire que le Tchad se trouve à un carrefour critique. Dès lors, pour que l’indépendance acquise il y a 64 ans ait un sens, il est impératif que le pays réévalue ses priorités, lutte contre la corruption et la mauvaise gestion, et s’engage sincèrement sur la voie d’une véritable démocratie inclusive. Les Tchadiens méritent plus qu’un mirage d’indépendance ; ils méritent une autonomie réelle qui se traduit par des améliorations tangibles dans leur quotidien. C’est à cela que l’indépendance, au sens précis du terme, définie comme pouvoir, peut jouer pleinement son rôle lors de sa célébration.